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L'association de la généalogie juive
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Par Micheline Gutmann
Le 11 novembre 1918, la joie a été grande, elle a permis à la France de récupérer l’Alsace
et la partie de la Lorraine occupée depuis 1870.
Mais les cœurs étaient lourds : la brutalité de cette guerre sur le sol français a laissé
des traces non seulement sur le terrain mais aussi et surtout dans presque toutes les
familles de France qui ont perdu chacune un ou plusieurs morts dans une infâme
boucherie
Cette guerre était-elle nécessaire ? Beaucoup d’historiens n’en sont pas du tout convaincus.
Jaurès avait probablement raison, il en est mort.
La principale raison était le désir de revanche sur les vainqueurs de la guerre précédente.
Le prix payé a été encore plus fort ensuite : la crise financière et surtout en Allemagne
la spectaculaire dévaluation du Mark ont créé une haine contre la France et ses alliés qui
a permis l’arrivée au pouvoir d’Hitler avec ses promesses de rétablir l’honneur du pays.
Les Juifs ont payé plus que les autres sa folie meurtrière.
Mais déjà dans cette période de 1914-1918, nos familles ont démontré leur esprit
patriotique, un monument leur est particulièrement
dédié sur le site de la bataille de Verdun.
Le nombre de morts juifs dans ce conflit était un peu supérieur à la moyenne en France.
Et parmi eux, beaucoup de Français de la première génération, voulant remercier
la France de son accueil.
Nous présentons quelques témoignages, vous pouvez rajouter les vôtres.
A Douaumont, derrière l'ossuaire,
un terrain complètement défoncé par les obus. Photo Caroline Guillot |
Photo prise du Fort de la Falouse, une tranchée au premier plan
et la vallée qui descend jusqu'à la Meuse... Photo Caroline Guillot |
Au début des hostilités en 1914, le commandement allemand qui se méfiait des soldats alsaciens à peu près autant que la hiérarchie militaire française, décida de les éloigner le plus possible de leur région sous joug prussien depuis la guerre précédente.
C’est comme cela que mon grand-père Camille LEHMANN, âgé de 45 ans, fut expédié comme beaucoup d’alsaciens mobilisés, en Ukraine pour la durée de la guerre.
Peu avant l’armistice, il rejoint son village de Zellwiller. Le seul souvenir de maman qui n’avait que trois ans en 1918, ce sont les manteaux de fourrure qu’il ramena dans son paquetage, à sa mère et à ses soeurs et qui usés jusqu’au cuir, restèrent longtemps dans la famille.
Le 11 novembre 1918, lorsque les cloches de tous les villages alsaciens annoncèrent à toute volée l’armistice, Sara SCHWAB, 80 ans, mère de Camille, ne put contenir son intense émotion. Elle s’écroula en larmes, sur le sol de sa cuisine, foudroyée par une attaque cardiaque.
Camille LEHMANN était un homme très cultivé, qui n’avait jamais caché une véritable haine pour l’occupant. Aussi lorsque l’officier allemand qui tenait encore les registres d’état-civil de la mairie de Zellwiller lui demanda quels étaient les parents de sa mère, il lui répondit sans sourcilier, en dialecte : « même avec le progrès des mathématiques modernes, il m’est impossible de répondre à cette question… ».
Ce qui, 75 années plus tard, me créa quelques angoisses généalogiques !
Jean Bloch, Gertwiller, novembre 2010
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